détective privé

Claire Hindie a été abandonnée à sa naissance à la maternité du CHU Bretonneau. Depuis cinq ans, elle cherche sa mère et ses frères. En vain, pour l’heure.

Sous sa rousse chevelure, Claire Hindie donne l’impression de vouloir dévorer la vie. Ses yeux s’allument quand elle part au combat. C’est une battante.
Une battante de 36 ans, née un 7 juin 1983 à 9 h 17, à la maternité de l’hôpital Bretonneau. Jusqu’à la trentaine, cette jeune responsable magasin en recherche d’emploi, n’avait guère ressenti le besoin de creuser la terre pour retrouver ses racines. La protectrice présence de ses parents adoptifs, Michèle et André, a toujours largement comblé l’éventuel manque maternel qu’elle pouvait ressentir.

Je voulais savoir à quoi ressemblait ma mère et puis je veux connaître mes ascendants.
Claire, 36 ans

C’est un peu plus tard, lorsque Claire et son mari ont eu des enfants (5 ans, 4 ans, 22 mois) que l’irrépressible curiosité est remontée à la surface, comme un bouchon de liège. « Pas au point de ne pas dormir la nuit, confie-t-elle, mais je voulais savoir à quoi ressemblait ma mère et puis je veux connaître mes ascendants. Je souffre personnellement de petites lésions précancéreuses et mes enfants ont des problèmes d’estomac. Je voudrais bien savoir s’il y a des antécédents dans la famille. Et comme mon géniteur a quitté ma mère trois mois après le début de la grossesse, j’ai encore moins de chances de le retrouver. Je sais seulement qu’il était soudeur sur des pipelines. »

Seule accroche ténue qui la fait espérer, Claire a retrouvé la sage-femme qui a accouché sa maman. C’est d’ailleurs elle qui lui a donné le prénom de Claire. Elle travaille toujours à Bretonneau et se souvient de cette femme qui est venue accoucher sous X, c’était son premier cas. Mais depuis, cette femme décrite comme petite et menue, n’a jamais redonné signe de vie.

Juste quelques informations enregistrées sur un papier lorsqu’elle est venue accoucher. « Je sais que j’étais la cinquième enfant d’une grande fratrie. L’aîné de mes frères est né en 1967, le dernier en 1978. Je sais aussi, parce qu’elle l’a écrit, que le jour où elle est venue à Bretonneau, elle a dit aux autres enfants : je vais faire des courses à Tours ! ». La mère de famille laissera bien un nom – Marie Gilbert – sans doute une fausse identité.
“ Je veux mettre un visage sur la personne qui m’a portée ” Devant l’impossibilité d’avancer, Claire a donc fait appel à un détective. Le Tourangeau Fabrice Brault, connu en France pour ses enquêtes (parfois médiatisées à la télé et dans la presse) notamment dans le domaine des recherches sous X, plonge vite dans l’affaire. Cherche avec la minutie et la patience qui font sa marque de fabrique, mais le challenge est cette fois plus compliqué que d’habitude.

D’autant que Claire interrompra l’enquête à plusieurs reprises pour cause d’accouchements. « Cette fois, je suis bien dans ma tête et je suis bien décidée à aller jusqu’au bout. Je veux mettre un visage sur la personne qui m’a portée. En même temps, je ne souhaite pas envahir sa vie, mais seulement connaître mon histoire et mes antécédents médicaux. »