détective privé

À l’occasion de la Journée mondiale pour le droit aux origines, ce 30 mai, un détective spécialisé dans la « recherche dans l’intérêt des familles » raconte son métier.

Lefigaro.fr/madame. – Vous êtes détective privé spécialisé dans la « recherche dans l’intérêt des familles », en quoi consiste votre métier ?
Fabrice Brault (1). – Je mets mes compétences de détective privé au service des familles. J’aide des enfants adoptés à retrouver leurs parents biologiques ; des mères abandonnantes à reprendre contact avec leur enfant né sous X ; des fratries éclatées à se réunir. Cette antenne « généalogie » représente environ 60% de mon activité – le reste étant dédié aux affaires plus classiques de surveillance pour des particuliers ou des professionnels. Dans l’ordre, mes clients sont essentiellement des enfants nés sous X, des mères de l’ombre (c’est-à-dire ayant accouché sous X, NDLR), et des frères et sœurs. Les deux premières catégories sont souvent des dossiers complexes à traiter : l’enfant peut ne pas avoir entrepris de démarches pour retrouver sa mère, la génitrice peut avoir refait sa vie et ne pas avoir informé sa nouvelle famille de son passé… Alors que dans le cas des fratries, l’approche est généralement plus simple, il n’y a pas de passif, les frères et sœurs ne sont pas responsables de leur éloignement.

Votre histoire personnelle explique-t-elle cette spécialisation atypique ?
En effet, mes cousins ont été adoptés, et je les ai vus grandir avec leurs questionnements et leurs blessures. Je connais le manque lié à l’absence de filiation. C’est cette injustice que j’essaye de réparer avec mes petits moyens, depuis maintenant vingt ans.

Ces personnes à la recherche de leurs origines ne sont pas des clients comme les autres. Comment vivez-vous au quotidien ce « poids » ?
Humainement, ce métier est très prenant. Je peux passer plusieurs mois, voire plusieurs années sur une même enquête. Je me donne toujours comme objectif d’aller au bout des investigations et de l’accompagnement de mes clients. À ce titre, pour la médiation, c’est-à-dire le moment où mère et enfant entrent en contact, je m’entoure désormais d’associations compétentes. Pour que cette rencontre fonctionne, il faut réunir un faisceau d’éléments. L’idée n’est évidemment pas de détruire la vie d’une mère abandonnante qui s’est reconstruite, ni celle d’un enfant qui n’est pas en recherche de ses origines. Tout doit être fait dans le respect de la loi et surtout des autres. Mais l’échec le plus douloureux demeure le cas où une mère contactée par son enfant ferme définitivement la porte.

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